Une fois n’est pas coutume, je vous propose aujourd’hui
une illustration inspirée d’un conte. Ce conte correspond au type 879 de la
classification Aarne &Thompson (oui, c’est un des rares domaines où j’ai
quelques connaissances donc j’en profite), le type dit « la jeune fille et
sa plante en pot ». C’est un conte typique du bassin méditerranéen on le
retrouve en Italie, en Espagne, au Maroc, en Turquie, etc… Comme cela serait
trop long de tout raconter je vous le résume à partir d’une version
italienne : Teresina et le pot de basilic.
Il était une fois une fille qui arrosait tous les matins son
basilic accroché au balcon. Eh bien, figurez-vous que tous les matins le fils
du roi passait sous son balcon à la même heure pour la mater, le coquin.
Jusqu’à ce qu’un jour, sans doute possédé par les conseils
d’artdeseduire.com, il lui demande « Teresina, combien de feuilles a ton
basilic ? » Une façon très subtile de s’enquérir de la santé de sa pilosité intime.
Teresina, choquée par une telle entrée en matière, ne trouve comme répartie que
la question « Fils de roi, combien d’étoiles à le ciel ? » ce
qui me parait un peu faible (à sa place j’aurais bien répondu « Combien de
poils à ton pinceau ? » pour rester dans le ton) mais qui ferme le
clapet du prince qui s’en va bouder.
Suivent ensuite de nombreuses péripéties que je ne peux
résumer ici, retenue par la pudeur imposée à mon sexe. En gros, ils se jouent
des tours l’un à l’autre sur le ton du
« je-te-déteste-mais-je-t’aime-en-même-temps incluant travestissement,
délires scatophiles et coucheries.
Le prince va par exemple piquer Teresina toute la nuit
avec son aiguille pour l’empêcher de dormir. Là, si vous ne voyez aucune
métaphore, la psychologie et les études de Lettres vous sont fermées à jamais. Teresina
pour se venger se déguise en grande faucheuse et va faire peur au prince qui en souille ses draps de
soie. Son honneur mis en péril, celui-ci décide de sévir et … demande Teresina
en mariage. C’est la pire punition qu’il ait pu trouver.
Comme il est pété de thunes et pas du tout suspect, la
famille de Teresina dit oui et notre héroïne sent que la nuit de noces va
réserver bien des surprises.
Les deux personnages sont laissés seuls dans la chambre et
le prince rappelle à Teresina déjà couchée dans le lit toutes ses
erreurs : mauvaise réplique du début, travestissement, déguisement
inapproprié, manque de pudeur (elle est sortie seule dans la rue ), etc.…
Et lui annonce qu’à la suite de tous ces méfaits il a décidé de la tuer. Et il lui coupe la tête. Et là,
il s’aperçoit qu’en fait il l’aimait (ça
a mis du temps à sortir) et s’apprête donc à se suicider pour la rejoindre dans
l’au-delà. Mais à cet instant surgit
le véritable cliffhanger du conte : Teresina n’est pas morte, connaissant
les intentions meurtrières de son époux, elle avait placé un mannequin à son
effigie dans le lit. Ce qui veut dire que le prince est non seulement con,
lourd et trouillard mais aussi complètement miro.
Elle l’empêche de se suicider et ensembles ils décident de
s’aimer pour la vie comme 98,8% des personnages de conte.
Fin.
Je sens que ma version du conte a encore besoin d'être améliorée et que ma Teresina ressemble à une représentation de la Vierge Marie (avec un pot de basilic à la place Jésus).